une explication du record de température en 2015

 

Cette année 2015 est, du point de vue des températures de surface, la plus chaude jamais relevée.
Tous les organismes de mesure sont d’accord.
Par exemple, selon la NOAA, l’anomalie de 2015 (par rapport à 1901-2000) s’élève à 0.90°C, pour 0.74°C en 2014, soit une différence de 0.16°C entre ces deux années consécutives.
Si on compare à la moyenne des 10 années précédant 2014, soit de 2004 à 2013, la différence s’élève à 0.28°C.
Alors que se passe t-il?
Assistons-nous à une brutale accélération du réchauffement climatique (RC)?
Est-ce de la variabilité naturelle?

La tendance depuis 30 ans, soit de 1986 à 2015, est de 0.16°C/décennie.
C’est cette tendance qui fait foi pour mesurer le RC, en ce qui concerne le côté température de surface.
Entre 2014 et 2015, cette tendance nous permet de dire qu’on peut attribuer 0.16°C/10 = 0.016°C, soit 10%, seulement, au RC.
Par rapport à la tendance linéaire on est à 0.15°C environ.

 

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Pour évaluer l’anomalie par rapport à l’époque préindustrielle, on ne peut que se reporter à la base HadCRUT4 du Hadley Center qui remonte à 1850.
Cet organisme considère 1850-1899 comme période préindustrielle.
L’anomalie de 2015 par rapport à cette référence est de 1.06°C.

 

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analyse de l’anomalie globale de 2015 par huitième de la surface globale

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ncep par huitième

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Il paraît évident, à la simple vision de la carte d’anomalie de 2015 selon NCEP, ci dessus, qu’une zone a été particulièrement chaude au cours de cette année.
Il s’agit du huitième de la surface terrestre compris entre 180E et 270E dans l’hémisphère nord.
On l’appellera la zone Pacifique nord-est (PNE)

Si on calcule les anomalies de 2015 par rapport à 2013, choisie comme année de référence, afin de déterminer ce qui se passe de vraiment particulier au cours de 2015 (2014 étant plus « normale » mais on aurait pu prendre à partir de 2014 cela ne changerait pas grand chose), on constate que le PNE représente 71% de l’anomalie globale (AG)
Les deux zones plus à l’est sont chaudes également, mais moins, avec respectivement 29 et 19% de l’AG.
Quant au reste, c’est-à-dire plus de la moitié de la surface terrestre, il représente un total de -19%…
Le réchauffement de 2015 est donc très hétérogène.
Il est principalement tiré vers le haut par le PNE, siège d’un phénomène très inhabituel, le blob, comme nous l’avons vu précédemment, ainsi que d’une partie du El Niño actuel.
Il n’y a aucun forçage radiatif de long terme (tel celui des GES ou autre) qui puisse être à l’origine d’une telle anomalie sur un huitième de la surface terrestre.
L’upwelling d’eaux profondes chaudes de la warm pool située dans le Pacifique tropical ouest, tout d’abord en 2014 dans le PNE, puis en 2015 plus spécifiquement dans le Pacifique Est (El Niño) pourrait être à l’origine de cette anomalie du PNE.
Ce déversement d’eaux chaudes signifie un fort réchauffement de la surface mais aussi une perte de chaleur importante de la warm pool.
Concernant 2016, El Niño devrait achever de dissiper sa chaleur sur le reste du globe et donc avoir tendance à faire monter la température globale.
Mais cette chaleur semble a priori plus faible qu’à la fin de 1997 et la variation de température globale devrait être également plus faible.
C’est donc l’évolution du blob qui va faire que l’année 2016 sera un nouveau record, ou pas.
La chaleur présente dans cette zone, au niveau de l’océan, semble diminuer.
Elle ne peut que le faire bien sûr mais à quel rythme?
Ce point est étudié dans le blog de Bob Tisdale, qui, bien que climato sceptique (Oh le vilain!), fait des analyses assez fouillées et objectives, de mon point de vue, de tous ces phénomènes.

En conclusion, 2015, sur le court terme, n’a pas été une année record à cause du réchauffement climatique du moins dans ces proportions.
Une bouffée de chaleur débutant en 2014 et venue de la warm pool du Pacifique a permis ce nouveau record.
Il faut considérer les prises de position de climatologues minorant l’effet de la variabilité en la ramenant au seul El Niño et soulignant l’effet ultra majoritaire du réchauffement climatique avec beaucoup de circonspection.
Cette année 2015 a dépassé, selon les bases de données récemment modifiées, la température préindustrielle de 1.06°C.
Sur ces 1.06°C, 0.91°C peuvent être imputables au RC (dont une variabilité naturelle de long terme mal appréhendée) et 0.15°C à la variabilité interannuelle.

 

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2 commentaires pour une explication du record de température en 2015

  1. terrienmarc dit :

    je me posais une question, parce que quelque part, que la chaleur soit dans le blob, au fond de l’océan ou dans l’atmosphère, elle a quand même été emmagasinée par la Terre… et donc je me demandais que plutôt que de parler de température de surface moyenne, on ne pourrait pas évaluer plutôt la quantité de chaleur du système Terre (au travers des rayonnements ou de je ne sais quoi)… ainsi on pourrait faire fi des ninos/ninas, du volcanisme, bref de tous les phénomènes internes au système Terre pour evaluer exactement les variations de quantité de chaleur du système Terre ?…

  2. meteor31 dit :

    Tout à fait, très bonne remarque dont je te remercie.
    A ma connaissance la chaleur océanique, du moins pour 0-2000m, n’a pas augmenté plus que de normale en 2015.
    ceci voulant donc dire qu’il y a échange interne qui fait chauffer la surface mais à chaleur constante en dehors de l’augmentation tendancielle due au RC.
    ce qui motive cet article c’est ma réaction vis à vis de ce que je considère comme une hystérie collective agitant les climatologues du consensus au sujet de l’année 2015.

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