On revient sur l’évolution récente de la température globale.
Comme vous le savez deux facteurs principaux, connus, influencent cette température.
Pour le long terme, c’est bien sûr le réchauffement climatique, et pour le court terme, l’oscillation Niño du Pacifique équatorial.
Ajoutons toutefois que des oscillations de basse fréquence, comme l’AMO, la PDO et de haute fréquence, comme la NAO, d’autres sans doute moins connues ou à découvrir, les variations orbitales et d’activité solaire, les volcans, un certain aspect chaotique du climat, viennent se superposer à ces deux facteurs.
Il s’avère cependant que la prise en compte du réchauffement ainsi que de l’ENSO permet de simuler l’évolution de la température globale avec une précision surprenante.
Concernant l’ENSO, il s’agit plus généralement d’un phénomène qui transfère de la chaleur de l’océan profond à la surface.
On peut se le représenter schématiquement par les quelques schémas ci-dessous où les eaux chaudes centrées sur l’Equateur sont représentées comme il se doit, en rouge, en bleu les eaux plus froides.
Les eaux chaudes sont contenues, voire tassées, par la circulation atmosphérique.
Elles s’accumulent en profondeur au lieu de se répandre à la surface.
Si, pour une raison ou pour une autre, le forçage des vents se relâche,
une partie des eaux profondes remonte à la surface.
A chaleur égale, il y a ainsi augmentation, quelquefois très forte, de la température de surface au pro rata de la surface envahie.
Cette température de surface des océans se communique à l’atmosphère mais contribue également à réchauffer l’océan profond en dehors de la zone équatoriale.
En fin de compte la chaleur de surface excédentaire disparaît par rayonnement dans l’espace, mais au bout de pas mal de temps comme nous allons le voir plus bas.
Influence de l’ENSO sur la température globale
L’épisode Niño qui vient de se terminer et qui a commencé en début 2014 a été véritablement colossal.
Il a provoqué une augmentation de la température globale de 0.5°C à 0.7°C environ.
Cette augmentation est équivalente à celle provoquée par le RC depuis près d’un siècle, c’est dire.
Le super Niño précédent avait provoqué une augmentation de l’ordre de 0.35°C.
Il ne fait donc guère de doute que le Nino 2014-2015 a été nettement plus puissant bien que son indice soit très légèrement supérieur.
simulation de l’épisode 2014-2015
En utilisant le modèle climat-évolution (CE) sans forçage externe, et en supposant que l’indice est nul à partir de juin et indéfiniment, la simulation donne l’évolution suivante:
On obtient une augmentation globale de 0.5°C (proche de la mesure) et, comme on peut le constater, elle met très longtemps à baisser.
En décembre 2017, l’anomalie consécutive à l’ENSO, est encore de 0.35°C!
En août 2030, non représenté ici, elle est encore de 0.07°C!
Si on suppose un épisode Niña exactement symétrique du dernier Niño, suivant ce dernier, la température revient beaucoup plus vite et passe même en négatif à partir de février 2017.
conclusion
A la lumière de ces simulations, on peut faire la remarque très importante qui suit.
Le super Niño 2014-2015 a profondément et durablement perturbé, pour des décennies, le climat du globe.
Sa trace devrait encore être décelable en 2030.
Seule une Niña aussi puissante que lui, ou plusieurs Niña modérées consécutives (comme en 1999-2000) pourraient faire revenir la température à la normale.
Les projections actuelles vont plutôt dans le sens d’un état neutre légèrement négatif tout d’abord puis positif.
Dans ces conditions, non seulement 2016 va battre tous les records de température mais 2017 sera bien placée également.
En ce sens, le RC va sembler avoir été boosté et requinqué par rapport à la stagnation dont il faisait l’objet auparavant.
Evidemment, il n’en est rien.
Le RC n’est pour rien dans cette augmentation brutale, sauf à considérer qu’il est lui-même à l’origine de ce super Niño.
Non, la stagnation de la température entre 2000 et 2013, sans cesse minorée par les « modifications » des bases de données, avait une origine bien précise et le coup de boost actuel pareillement.
Nous verrons dans un prochain article une simulation tenant compte des estimations de forçage externe afin de déterminer l’avenir immédiat de l’anomalie globale de température.