Dans le cadre de la détermination de la réponse du système climatique au forçage anthropique en fonction de la température observée, Drew Shindell a commis une étude infirmant les résultats d’autres auteurs comme Otto et al 2013, par exemple, qui, au vu des observations, déduisaient une sensibilité climatique plus faible que la valeur médiane des modèles ou comme Lewis 2013, qui trouve une sensibilité climatique de 1.6°C soit la moitié des 3.2°C annoncés par le GIEC.
Il est à noter que Lewis a critiqué l’étude de Shindell, voir ici, ce dernier faisant partie de la mouvance Gavin Schmidt qui s’efforce actuellement de réconcilier les observations et les résultats des modèles.
Le principe général du travail de Shindell repose principalement sur le calcul des réponses transitoires de chacun des forçages en fonction de leur hétérogénéité due à leur localisation sur le globe.
L’exemple le plus flagrant est celui des aérosols et de l’ozone qui sont émis principalement dans l’hémisphère nord et plus particulièrement dans la zone hors tropique.
Le forçage des aérosols dans l’hémisphère nord est ainsi plus fort en valeur absolue que celui dans l’hémisphère sud de -0.93W/m2 (en 2000).
Même les GES sont plus efficaces au nord qu’au sud de l’ordre de 18%.
Selon l’auteur, ceci serait du principalement aux rétroactions plus fortes dans l’hémisphère nord que dans le sud moins fourni en terres donc avec moins de neige et de glaces continentales.
De plus, le fait que les océans occupent plus de surface dans le sud que dans le nord (81% contre 61%) amplifie encore l’hétérogénéité des variations de température dans les deux hémisphères.
Selon Shindell, cette hétérogénéité serait responsable d’un réchauffement actuel inférieur de 0.2°C à ce qu’il serait si les forçages étaient homogènes.
Ceci entraînerait un réchauffement bien plus important dans les prochaines décennies du fait de la diminution rapide des aérosols selon les scénarios.
Ce que j’en pense.
Ne disposant pas des modèles climatiques utilisés par Shindell, j’ai essayé de reproduire ses résultats avec le modèle très simple que j’utilise habituellement.
Je ne trouve pas de différence significative entre les réponses aux forçages hétérogènes et celles des forçages homogènes.
Bien entendu ceci ne préjuge pas de la validité de l’étude de Shindell.
Mais il me semble bizarre, de façon qualitative, que le forçage plus faible sur l’hémisphère nord que sur le sud ainsi que le fait que la sensibilité aux aérosols soit beaucoup plus forte sur le nord que sur le sud, donne actuellement, selon les observations, un réchauffement du nord plus élevé que le sud, même en tenant compte du fait qu’il y a moins de terres au sud qu’au nord.
La conclusion de Shindell indiquant que la sensibilité se trouve très probablement vers les parties hautes de la fourchette me semble, de par les moyens dont je dispose, un peu exagérée.
D’une manière plus générale, si on prend comme argent comptant les différentes raisons, que j’ai listées ici, données par les tenants du consensus, pour expliquer la stagnation relative de la température actuelle (stagnation que Shindell n’explique que de façon incomplète), et qu’on rajoute encore celle de Shindell, on peut vraiment avoir peur pour l’avenir même proche.
Je ne peux pas croire que tout ceci soit motivé par autre chose que de la science.
Mais la frénésie actuelle qui agite les tenants du consensus, tant en ce qui concerne la théorie de réchauffement que les conséquences de ce dernier, devrait logiquement nous laisser un peu perplexes, pour ne pas dire sceptiques…