Comme promis voici le deuxième article consacré à l’utilisation de la reconstruction de chaleur océanique ORAS4.
Nous avons vu précédemment que l’utilisation d’ORAS4, pour justifier le hiatus du réchauffement climatique, n’était pas pertinente étant donné les variations erratiques et importantes du flux de chaleur entrant dans l’océan sans aucune corrélation avec la température de surface.
Bref, nous allons maintenant utiliser ORAS 4 pour estimer la sensibilité climatique.
Dans l’équation 1 que vous connaissez maintenant par cœur:
si on connaît Q (le chauffage), F (le forçage), T (la variation de température), on peut déterminer S, le coefficient de sensibilité.
Nous allons nous servir du modèle habituel en ne nous basant que sur l’océan, comme si la planète était entièrement océanique.
En effet, la modélisation des terres, faisant intervenir très fortement la circulation atmosphérique, demanderait un modèle sophistiqué qu’est loin d’être le modèle utilisé ici.
En utilisant les données de forçage radiatif des RCP, nous allons essayer de retrouver les SST (ici celles de la NOAA) et la chaleur telle que donnée par ORAS4 (voir article précédent)
Ce sont les tendances linéaires de 1979 à 2009 (fin d’ORAS4 et durée de 31 ans) qui seront comparées entre les sorties modèle et les mesures/reconstructions.
Voici donc les résultats:
sensibilité 2°C 3°C NOAA ORAS4
SST (°C/an) 0.0122 0.0154 0.0116
chaleur océanique 0.567 0.753 0.527
(10^22 J/an)
sans conteste c’est la sensibilité de 2°C qui permet de se rapprocher à la fois de NOAA et d’ORAS4.
si on affine on trouve une sensibilité entre 1.8°C et 1.9°C.
conclusion
Avec les hypothèses et les données prises en compte, le modèle utilisé nous permet une estimation de la sensibilité climatique dans la partie basse de la fourchette du GIEC (1.5 à 4°C).
Ceci est corroboré par quelques études notamment celle d’Otto et al 2013
dont on peut retenir cette phrase:
« The most likely value of equilibrium climate sensitivity based on the energy budget of the most recent decade is 2.0 °C, with a 5–95% confidence interval of 1.2–3.9 °C »
« La valeur la plus probable de sensibilité climatique, basée sur le bilan énergétique de la plus récente décennie est 2.0°C, avec l’intervalle de confiance (5-95%) de 1.2-3.9°C »
Côté paléoclimatique Annan et Heargraves 2013 trouvent une sensibilité de 1.7°C (1.2 et 2.4°C) en se référant aux données des périodes glaciaires mais jugent eux-mêmes ce résultat peu robuste.
En règle générale ces études, qui ne sont pas dans l’air du temps réchauffiste et alarmiste, sont balayées d’un revers de main, ou ignorées, ou font l’objet de tentatives de réfutation.
On assiste très rarement à ce genre de comportement quand il s’agit d’études, qui indiquent détecter des signes d’une sensibilité climatique très élevée.
Ceci dit, même une sensibilité de 2°C est préoccupante et il ne s’agit pas ici d’en minorer les effets, surtout que nous ne savons pas quelles seront nos émissions futures de carbone dans l’atmosphère.
Au train où vont les choses on peut craindre qu’elles seront très élevées et que l’impact climatique sera in fine important mais peut-être moins que ce qu’on pouvait penser en imaginant le pire.
Nouvelle étude sur les sensibilités ECS et TCR de Lewis et al
Cliquer pour accéder à lewiscurry_ar5-energy-budget-climate-sensitivity_clim-dyn2014_accepted-reformatted-edited.pdf