Kevin Cowtan et Robert G. Way ne sont pas, du tout, des climatologistes.
Voir leur pedigree ici où Kevin C = Kevin Cowtan.
Le premier est informaticien, plutôt spécialisé dans le traitement des données.
Il enseigne actuellement la chimie et la biologie
Le second est encore un étudiant PhD en géographie physique.
Les deux ont en outre la particularité d’être des contributeurs de Skeptical Science, site d’activisme réchauffiste par excellence.
Ils participent régulièrement, surtout Way, au forum secret de Skeptical Science dont la révélation des échanges avait fait quelque bruit.
On apprend d’ailleurs à ce sujet que, (mode pipelette « ON ») dans ce forum secret, les thèses sceptiques sont parfois acceptées par des réchauffistes et que les comportements de certains scientifiques tels Mann et Steig sont sévèrement critiqués.
On aimerait que cela soit aussi le cas en France et cela l’est peut-être d’ailleurs en dehors des divers forums publics où règne, comme souvent, la dictature du bien penser.
Bien penser dépendant de l’orientation du forum en question, bien entendu.(mode pipelette « OFF »)
Bref, si on en revient au contexte général d’un réchauffisme bien mis à mal, ces temps ci, par la stagnation relative des températures depuis la fin du 20ème siècle jusqu’à aujourd’hui, on a pu constater que les efforts de la communauté alarmiste (dite du consensus) pour transformer cette « stagnation » en preuve évidente d’un réchauffement qui continue, voire même s’accélère, étaient patents.
La tentative de Cowtan&Way s’inscrit bien dans ce sens, tout comme les tentatives d’expliquer où serait passé ce fameux réchauffement si la stagnation était réelle.
Nous reparlerons, à ce sujet, de la reconstruction de l’évolution de la chaleur océanique, l’ORAS4.
Je n’insisterai pas beaucoup sur la méthode de C&W.
Cela consiste, brièvement, à remplir les trous existant dans la couverture des mesures de température de la base de données HadCRUT4, au moyen de deux méthodes.
Le kriging qui consiste à extrapoler les températures des régions couvertes à celles de régions non couvertes.
Le « hybriding » qui consiste à intégrer, en plus, les données satellitaires de la basse atmosphère.
D’après les auteurs les deux méthodes sont fiables puisqu’elles permettent de retrouver des températures déjà connues.
On peut cependant formuler quelques critiques.
Il est un peu étonnant, par exemple, d’avoir utilisé, pour les mesures satellitaires, la base UAH.
Le prétexte donné est que c’est UAH qui a la meilleure couverture.
Mais c’est UAH qui a aussi le trend le plus élevé en région arctique, 0.444°C/décennie, alors que RSS, « concurrent » d’UAH, a un trend de 0.324°C/décennie.
Hasard?
Certes RSS couvre une région arctique moins étendue qu’ UAH, mais, 3.6% de moins, est-ce significatif?
Donc pourquoi avoir choisi UAH plutôt que RSS quand on sait que l’écart sur la température globale proviendrait quasi exclusivement de l’Arctique?
De plus, autre exemple, on ne peut qu’être étonné de « vérifications » de la justesse des deux méthodes pour les régions arctiques (et antarctiques d’ailleurs) où il n’existe pas de mesures dans des rayons de plusieurs milliers de km.
Way prétendant qu’on peut extrapoler sur des distances de l’ordre de 2000 km, ce qui, en zone arctique, tourmentée comme pas une, peut sembler un peu louche.
Le résultat final de tout çà est que, si la tendance donnée par la toute nouvelle version de la base de données d’Hadley, HadCRUT4, est de 0.155°C/décennie, la correction par C&W donne 0.174°C/décennie, soit un réchauffement plus de 12% plus élevé, ce qui n’est pas rien.
Surtout, étant donné que l’écart entre les deux courbes de température s’accroît fortement à partir de 2005, ceci supprime toute significativité à la stagnation des températures, et autre hiatus préoccupant tant nos climatologistes.
Ouf!
Une des explications qui revient le plus souvent est liée au phénomène, prévu, de l’amplification arctique.
Mais, si tel était le cas, il aurait seulement commencé (ou se serait considérablement renforcé) en 2005?
Non, cela ne semble pas raisonnable de penser ainsi, du moins de par les explications antérieures de ce phénomène.
Si le réchauffement brutal des régions arctiques à partir de 2005 a une quelconque réalité physique, il s’agit plus probablement d’un échange de chaleur entre le « global », qui lui est resté stable, même selon C&W, et ces mêmes régions.
Il y a encore une autre critique ou interrogation, pour le moins.
Il existe en effet une autre base de données, NASA-GISS, bien utilisée sur ce blog, qui intègre la globalité de la surface.
La méthode d’extrapolation aux régions polaires est probablement différente et n’utilise pas, à ma connaissance, les données satellites.
La tendance NASA-GISS, de 1979 à 2013, est de 0.157°C/décennie soit très proche de HadCRUT4 non corrigée (0.155°C/décennie).
D’autre part, le réchauffement de la zone arctique, sur NASA-GISS, est très conséquent puisque égal à 0.52°C/décennie, plus élevé que les 0.44°C/décennie d’UAH utilisé par C&W.
Alors que penser de tout cela?
Eh bien, il faut être d’une extrême prudence quant aux résultats de C&W, d’une part étant donné le pedigree des deux auteurs, rappelons-le membres actifs d’un site hautement alarmiste, et de son forum secret, mais aussi et surtout, parce qu’une autre base complètement globale, ne donne pas, du tout, les mêmes résultats.
Mais si, par hasard, ils avaient raison, ce serait tout de même un sacré pied de nez à la communauté climatologiste, incapable de sortir une base de données correcte et obligée de se tortiller plus ou moins adroitement pour trouver des explications à un hiatus qui n’existerait pas.
quelques liens:
ici et ici quelques réactions sur Climateaudit avec quelques révélations savoureuses dans le texte et les commentaires (en mode pipelette)
Il y a une autre base de données qui essaie d’estimer la moyenne des températures de la surface terrestre : http://berkeleyearth.org/land-and-ocean-data
Il y a une comparaison intéressante sur les températures à l’extrème nord, selon la source utilisée.